Des conseils et des méthodes d'un professeur de Lettres pour mieux étudier, à destination des collégiens, des lycéens, voire des étudiants.
Sauf cas extrême de dyslexie, la lecture est possible pour les enfants dyslexiques, et elle peut même devenir un véritable plaisir, une véritable bulle d’isolement et de rêve, comme pour tous les autres enfants.
Toutefois, bien souvent, l’absence de prise en compte et/ou de connaissance de leur trouble crée des tensions avec les adultes qui essaient, plus ou moins adroitement, de les inciter à lire davantage. Ces tensions peuvent aboutir à de réels blocages, qui sont difficiles à lever, mais pas impossibles !
Côté parents, comment, donc, éviter ces blocages ou les lever ?
Tout d’abord, sachez que, spontanément, tout enfant a soif de découverte et d’évasion et comprend que le livre peut être une porte vers un ailleurs qui le ferait rêver. Mais pour les enfants dyslexiques, cet ailleurs peut vite se transformer en source de souffrance car les lettres, les mots, les phrases peuvent s’enchaîner sous ses yeux sans qu’il en tire de plaisir, sans même qu’il n’en comprenne le sens.
Le rôle de l’adulte, dès lors, est de l’accompagner dans sa démarche de lecture, de l’aider à trouver les processus, les démarches, les questionnements qui lui permettront de comprendre le sens des histoires et, finalement, de comprendre enfin pourquoi tout le monde fait l’éloge de la lecture.
Plusieurs démarches s’offrent aux parents. Vous pouvez profiter du rythme plus tranquille des vacances pour les essayer avec votre enfant :
* Vous pouvez partir d’un des centres d’intérêt de votre enfant pour l’inciter à lire : documentaire, fiction, bandes dessinées sur le thème choisi, tout est bon pour que votre enfant comprendre les intérêts de la lecture. S’il est passionné de chevaux, choisissez de courtes nouvelles ou des textes documentaires sur la vie de ces animaux, accompagnés de belles images, et parcourez les documents avec votre enfant, en le laissant vous guider sur les passages qui l’intriguent le plus et que vous pourrez lui lire à haute voix. Peu à peu, proposez-lui de lire à son tour, dans sa tête ou à haute voix, et vous expliquer ce qu’il a compris. Cette dernière étape, celle de la reformulation, est essentielle pour que l’enfant dyslexique fasse un effort de remémoration et de reconstitution logique (ou chronologique) de ce qu’il a lu. Cela vous permettra également de corriger d’éventuelles erreurs de compréhension.
Suite à cela, vous pouvez lui proposer de mettre sur ordinateur ce qu’il a retenu, avec les illustrations de son choix, pour en faire une belle affiche en couleur venant décorer sa chambre.
Plus tard, vous pourrez aussi inverser les rôles et prendre l’un de vos centres d’intérêt et demander à votre enfant de vous lire quelques paragraphes dessus.
* Vous pouvez aussi faire de la lecture un jeu : proposez alors un texte court (il existe des nouvelles, des contes, des poèmes en prose parfaits pour cela) que chacun doit lire (vous et votre enfant – votre enfant et ses frères et sœurs – votre enfant et quelques copains). Ensuite, imaginez un jeu de devinettes, de questions pièges sur l’histoire, questions faites par vous ou faites par les participants eux-mêmes pour piéger leurs adversaires, avec un système de points et un petit cadeau (une glace !) pour le gagnant (ou pour tous les participants si vous ne voulez pénaliser personne).
* Enfin, n’hésitez pas à faire écouter à votre enfant des textes lus, ou même théâtralisés, afin de développer son plaisir et son intérêt face à la lecture.
La bibliothèque sonore d’Evreux est excellente pour cela : http://bs.evreux.free.fr/catalog.htm
Plus tard, peut-être pourrez-vous aussi inciter votre enfant à faire des lectures similaires de ses histoires préférées, en mettant le ton. Car, sachez-le, la lecture à haute voix, pour les élèves dyslexiques, n’est pas si inenvisageable que l’on voudrait bien le faire croire : dans mes classes, j’ai souvent vu des élèves dyslexiques très volontaires et enthousiastes à l’idée de lire à haute voix et, même, de jouer quelques scènes de théâtre !
Ces suggestions ne sont que quelques-unes parmi tant d’autres, que je vous livrerai progressivement, au fil de mes expériences et de mes réflexions.
Courage, et amusez-vous bien !
(Si vous avez d’autres idées, n’hésitez pas, je suis toujours preneuse)