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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 22:52

Voici des éléments de correction pour les Questions et la Réécriture proposées cette année.


Il était une fois un calife d'Ispahan qui avait perdu son cuisinier. Il ordonna donc à son intendant de se mettre en quête d'un nouveau chef digne de remplir les fonctions de chef des cuisines du palais.

Les jours passèrent. Le calife s'impatienta et convoqua son intendant.

- Alors ? As-tu trouvé l'homme qu'il nous faut ?

- Seigneur, je suis bien embarrassé, répondit l'intendant. Car je n'ai pas trouvé un cuisinier, mais deux tout à fait dignes de remplir ces hautes fonctions, et je ne sais comment les départager.

- Qu'à cela ne tienne, dit le calife, je m'en charge. Dimanche prochain, l'un de ces deux hommes désigné par le sort nous fera festoyer, la cour et moi-même. Le dimanche suivant, ce sera au tour de l'autre. A la fin de ce second repas, je désignerai le vainqueur de cette plaisante compétition.

Ainsi fut fait. Le premier dimanche, le cuisinier désigné par le sort se chargea du déjeuner de la cour. Tout le monde attendait avec la plus gourmande curiosité ce qui allait être servi. Or la finesse, l'originalité, la richesse et la succulence des plats qui se succédèrent sur la table dépassèrent toute attente. L'enthousiasme des convives était tel qu'ils pressaient le calife de nommer sans plus attendre chef des cuisines du palais l'auteur de ce festin incomparable. Quel besoin avait-on d'une autre expérience ? Mais le calife demeura inébranlable. "Attendons dimanche, dit-il, et laissons sa chance à l'autre concurrent."

Une semaine passa, et toute la cour se retrouva autour de la même table pour goûter le chef-d’œuvre du second cuisinier. L'impatience était vive, mais le souvenir délectable du festin précédent créait une prévention1 contre lui.

Grande fut la surprise générale quand le premier plat arriva sur la table : c'était le même que le premier plat du premier banquet. Aussi fin, original, riche et succulent, mais identique. Il y eut des rires et des murmures quand le deuxième plat s'avéra à son tour reproduire fidèlement le deuxième plat du premier banquet. Mais ensuite un silence consterné pesa sur les convives, lorsqu'il apparut que les plats suivants étaient eux aussi les mêmes que ceux du dimanche précédent. Il fallait se rendre à l'évidence : le second cuisinier imitait point par point son concurrent.

Or chacun savait que le calife était un tyran ombrageux2, et ne tolérait pas que quiconque se moquât de lui, un cuisinier moins qu'aucun autre, et la cour tout entière attendait épouvantée, en jetant vers lui des regards furtifs, la colère dont-il allait foudroyer d'un instant à l'autre le fauteur3 de cette misérable farce. Mais le calife mangeait imperturbablement.

 

Michel Tournier, Les Deux Banquets ou la commémoration, Gallimard, 1989.

 

1 Prévention : idée négative

2 Ombrageux : qui se vexe facilement

3 Fauteur : responsable

 


 

QUESTIONS (15 points)

I. « Il était une fois… »

1. À quel genre appartient ce récit ? Justifiez votre réponse en donnant au moins trois indices.

Le conte – « Il était une fois » / le merveilleux / le cadre oriental / le calife puissant / le passé non précisé / la quête

 

2. a) Pourquoi le calife décide-t-il d’organiser une compétition ?

Il a perdu son cuisinier et deux candidats sont à départager.

 

b) En quoi consiste-t-elle ?

Chacun organisera un festin à une semaine d’intervalle. A l’issue du 2nd festin, le calife choisira.

 

3. Citez trois traits de caractère du calife évoqués dans le texte. Justifiez chacune de vos réponses à l’aide d’indices précis.

Impatient « Le calife s’impatienta » - autoritaire « il ordonna » - coléreux « ombrageux » - gourmand (il veut un bon cuisinier) – inflexible « inébranlable »

 

4. « Quel besoin avait-on d’une autre expérience ? » (ligne 18)

a) Qui parle et dans quel but ?

Les convives s’expriment ainsi pour convaincre le calife de choisir le 1er cuisinier.

 

b) Comment ces paroles sont-elles rapportées ?

En discours indirect libre.

 

II. Deux banquets

5. a) Comment est formé le mot « incomparable » (ligne 18) ?

Préfixe « in » - radical « comparer » - suffixe « able ».

 

b) Expliquez sa signification en vous appuyant sur d’autres éléments des lignes 15 à 18.

Les plats ne peuvent être comparés à rien en raison de leur qualité exceptionnelle « dépassèrent toute attente ; originalité ».

 

6. Pourquoi, avant le début du second repas, le second cuisinier est-il dans une position moins favorable que le premier ?

Le premier repas semble inimitable, au-dessus de n’importe quel repas à venir.

 

7. a) « La finesse, l’originalité, la richesse et la succulence des plats » (ligne 15) : quelle figure de style est ici employée et dans quelle intention ?

Une énumération, accumulation, gradation, hyperbole… qui valorise le repas et montre qu’il est extraordinaire.

 

b) Relevez une série d’adjectifs qualifiant un plat du deuxième repas. Que constatez-vous ?

« Fin, original, riche et succulent » - Ce sont des qualités identiques à celles du premier repas, les mots appartiennent à la même famille.

 

8. Le second banquet joue-t-il le rôle attendu ? Justifiez votre réponse.

Non, il fausse la compétition en empêchant un choix objectif.

 

 

III. Réactions des convives et du calife

9. Quelles sont les trois réactions successives des convives durant le second repas ? Justifiez vos réponses.

Ils sont surpris « la surprise générale » - puis ils sont amusés et moqueurs ‘des rires et des murmures » puis ils sont angoissés « silence consterné, épouvanté ».

 

10. Comment le texte présente-t-il le châtiment du second cuisinier comme inévitable ?

L’attitude des convives le laisse deviner, ainsi que le caractère colérique du calife et son silence, et enfin la périphrase à valeur de futur proche, « allait foudroyer ».

 

11. En quoi l’attitude du calife est-elle étonnante à la fin du texte ?

Elle contraste avec ce qu’on sait de son caractère emporté, qui n’aime pas qu’on se moque de lui.

 

12. Cette « compétition » se révèle-t-elle si « plaisante » qu’elle promettait de l’être (ligne 12) ? Expliquez votre réponse.

Dans un premier temps, la compétition est plaisante puisque le repas s’avère extraordinaire. Mais au second repas, l’imitation gâche le plaisir et l’inquiétude s’introduit dans la légèreté et le divertissement.

 

 

RÉÉCRITURE (4 points)

« Grande fut la surprise générale quand le premier plat arriva sur la table, aussi fin, original, riche et succulent. »

Réécrivez cette phrase en la transformant au passé composé et en mettant « plat » au pluriel.

--> « Grande a été la surprise générale quand les premiers plats sont arrivés sur la table, aussi fins, originaux, riches et succulents ».

 

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